Comment dynamiser l’évolution des opérations IT : le NoOps pour les nuls
Par Nicolas D’Anna, Sales Engineer chez Dynatrace France
Les clients comptent aujourd’hui sur un flux continu de nouvelles applications et d’expériences digitales, et les organisations se transforment progressivement en éditeurs de logiciels pour répondre à ces demandes. Une tendance d’autant plus flagrante dans ce contexte de crise, les services digitaux étant devenus pour beaucoup le principal lien qui les connecte au monde extérieur – en tant que professionnels et en tant que consommateurs. Parvenir à innover suffisamment rapidement pour répondre à ces besoins nécessite une grande agilité en matière d’exploitation IT, ce qui explique que la majorité des organisations se tourne désormais vers le cloud. Mais la nature dynamique du cloud s’accompagne également d’une augmentation de la complexité, qui représente, pour 76% des professionnels de l’IT, le principal frein à la productivité dans les équipes d’exploitation.
Les équipes IT passent un temps colossal à essayer de démêler un imbroglio de métriques et d’alertes pour maintenir les systèmes fonctionnels. Pour cela elles essayent de capter manuellement tout ce qui se passe dans leur environnement IT, en utilisant des approches traditionnelles de gestion de la performance. Ce temps précieux pourrait être consacré au développement et à la livraison de nouveaux services à forte valeur ajoutée pour les utilisateurs finaux. Le défi est d’autant plus grand dans le contexte actuel, alors que la majorité des équipes d’exploitation travaillent à distance et sont plus sollicitées que jamais.
Pourtant, une approche appelée NoOps, consistant à automatiser les opérations d’exploitation IT, offre une alternative séduisante pour les responsables IT. Elle leur permet d’avoir une exploitation autonome, de sorte que les équipes IT en télétravail puissent continuer à développer et déployer de nouvelles fonctionnalités et de nouveaux services, plus rapidement et plus facilement.
Le chemin vers le NoOps
Le concept de NoOps désigne un environnement IT dans lequel la combinaison de l’automatisation et de l’intelligence artificielle permet de réduire drastiquement le personnel dédié à son exploitation. Si l’idée revêt un intérêt tout particulier dans le contexte de crise actuel en réduisant la nécessité de la présence physique des employés, c’est également sur le long terme qu’elle prend tout son sens.
Le NoOps consiste à observer ce qui serait susceptible de provoquer un incident, et à agir de manière proactive pour l’éviter, grâce à l’automatisation. Cela suppose néanmoins que les entreprises disposent d’une solide chaîne de CI/CD, avec une approche AIOps complètement intégrée à leur écosystème. Dans cette approche, l’IA est utilisée pour analyser et trier les données de monitoring à une échelle et une vitesse incomparables à ce qui serait possible manuellement. Cela permet d’obtenir, en temps réel, des réponses précises et des données détaillées de performance, créant un flux d’intelligence logicielle capable de donner un sens aux déluges continus d’alertes. Les actions de remédiation sont ensuite entièrement automatisées, c’est le coeur même d’une démarche NoOps.
Mais pour certains – tel Mike Gualtieri, analyste chez Forrester, à qui l’on doit le terme NoOps – l’idée de mixer automatisation et auto-résolution pour créer un processus de continuous delivery, sonnerait le glas du DevOps. Ces derniers considèrent en effet que l’approche NoOps impliquant que les équipes de développement et d’exploitation n’ont plus besoin de collaborer, pourrait entraîner un déclin de l’émulation collective nécessaire à l’innovation et au maintien d’expériences utilisateur de qualité. Cette théorie peut, sans surprise, créer une certaine résistance de la part des équipes DevOps, soucieuses que l’adoption d’une approche NoOps rende leur fonction superflue.
Une évolution plutôt qu’une révolution
Contrairement à ce que prônent ses détracteurs, le NoOps est tout sauf la fin du DevOps. C’est plutôt le résultat de son évolution naturelle. Avec l’approche DevOps, les équipes d’exploitation appliquent les pratiques de développement comme le contrôle de version, le scripting et l’automatisation pour adresser les éventuels problèmes de performance avant le passage en production. Avec l’approche NoOps, c’est l’inverse : les équipes de développement commencent à raisonner comme les équipes d’exploitation, ce qui leur permet de collaborer plus efficacement pour atteindre un objectif commun d’innovation, pour l’entreprise et ses utilisateurs finaux. Les équipes DevOps peuvent donc travailler à plein régime sur la création de nouveaux services, sans avoir besoin d’allouer une part importante de leurs ressources à maintenir les systèmes fonctionnels .
Le déploiement d’une approche NoOps constitue la plus grande transformation dans les processus de livraison logicielle depuis l’émergence du DevOps. Le DevOps va progressivement évoluer pour s’aligner avec les nouveaux besoins des entreprises qui prennent aujourd’hui le virage d’une exploitation autonome dans le cloud. Et c’est un atout considérable dans le contexte actuel, où les équipes IT sur-sollicitées doivent augmenter leur rythme d’innovation, puisque cette approche permet de résoudre automatiquement les problèmes dès la phase de développement, et d’accélérer ainsi la livraison de nouveaux logiciels à l’entreprise et à ses clients.
Préparer un plan NoOps
Si les organisations reconnaissent les bénéfices du NoOps, il n’en demeure pas moins difficile d’y faire adhérer leurs équipes DevOps. Il est pourtant essentiel de pouvoir s’appuyer sur le soutien et l’engagement de toutes les parties prenantes pour réussir le passage au NoOps, car cela nécessite une transformation fondamentale de la façon dont les équipes pensent et opèrent. Donner aux équipes DevOps une idée plus concrète de la façon dont elles bénéficieront du NoOps peut aider à lever leurs inquiétudes selon lesquelles il n’y aurait plus besoin de collaboration entre les développeurs et les opérations.
Les organisations doivent donc prévoir une phase de formation, pour s’assurer que les équipes ont une vision claire de la façon dont leur rôle va évoluer, qu’elles sont à l’aise avec les outils qui seront à leur disposition et avec l’idée de travailler sur un objectif commun. Pour les développeurs, il s’agira ainsi de mettre en avant la capacité du NoOps à supprimer les goulots d’étranglement et donc à les affranchir des cycles de débogage fastidieux qui étaient auparavant nécessaires pour identifier les erreurs dans leur code. Pour les équipes d’exploitation, les responsables IT pourront souligner la façon dont le NoOps peut les aider à renforcer leur position dans l’organisation et à jouer un rôle plus actif dans l’innovation. Les équipes d’exploitation pourront ainsi se concentrer sur des activités à valeur ajoutée – déploiement et innovation en continu – plutôt que sur des tâches simplement destinées à « maintenir le système en marche ».
Rafler la mise NoOps
Dans un contexte où l’ampleur et la complexité du cloud ne cessent de s’accroître, et où les organisations tentent, tant bien que mal, de surmonter la crise actuelle sans précédent, les entreprises doivent trouver dès maintenant un moyen d’aider leurs équipes DevOps à donner du sens et apporter de la valeur à leur environnement IT. Le NoOps est ici un facteur clé. Ceux qui réussiront son implémentation seront capables de booster leur innovation, délivrer à leurs utilisateurs finaux des services novateurs, plus rapidement que jamais et améliorer leur « time to market ».
A propos de l’auteur: Nicolas D’Anna, Sales Ingineer – Dynatrace
Après 10 ans d’expérience dans le domaine de la performance IT spécialisé dans les réseaux et les applications, Nicolas a occupé les fonctions de consultant audits, architecte, expert Performance, et a contribué chez de nombreux clients à la réussite de la mise en place de solution de monitoring et des offres de services et d’exploitation associées. Il est particulièrement sensible à la valeur ajoutée qu’apportent ces technologies pour aider les clients à optimiser et automatiser leur ressources IT et à valoriser leur image auprès de leurs utilisateurs et clients finaux. Nicolas occupe aujourd’hui le poste d’ingénieur avant-vente chez Dynatrace et accompagne ses clients à leur apporter toujours plus de visibilité et de réactivité pour le pilotage de leur SI.
Plus d’informations: www.dynatrace.fr