Où en est l’adoption du DVB-T2 en France ?
Yannick Lévy, PDG de DiBcom, explique, pourquoi le passage au DVB-T2 est un élément indispensable pour le développement de l’économie numérique française.
Par Yannick Lévy, PDG de DiBcom
Le passage au tout numérique, une aubaine pour le DVB-T2 ?
Le passage au tout numérique, les déclarations d’Eric Besson début 2011 et le très récent projet d’arrêté ministériel, on relancé le débat sur le passage du DVB-T (standard utilisée actuellement) au DVB-T2.
En effet, Eric Besson, Ministre notamment en charge du numérique, a fait part en début d’année de sa volonté d’introduire une nouvelle norme de diffusion pour la TNT qui « permettrait d’accroître à la fois l’offre de télévision hertzienne, et de dégager des fréquences pour de nouveaux services mobiles ». Il souhaite proposer une consultation publique sur l’utilisation du DVB-T2 pour les prochaines ouvertures de fréquences TNT et pour les 4 appels à candidatures lancés par le CSA (2 chaînes payantes en TNT et 2 chaînes gratuites en TNT HD). Sa volonté étant de désencombrer certaines fréquences audiovisuelles pour augmenter l’offre de télévision hertzienne, mais également de libérer des canaux pour les revendre par la suite aux opérateurs mobiles. Mais, la France est-elle prête à faire le « grand saut » ?
La France en retrait sur l’adoption de la DVB-T2
Le changement de norme de transmissions en France ne se fera pas sans heurts. En effet, le DVB-T2 est encore inconnu du grand public dans l’hexagone et assez peu utilisé en Europe. Par exemple, le Royaume-Uni, a fait le choix de passer du DVB-T au DVB-T2 pour faire face au besoin de capacité supplémentaire afin de proposer de la HD sur son réseau TNT.
En effet le DVB-T ne permet pas de passer autant d’informations dans les canaux que le DVB-T2, or la HD nécessite le transit d’un plus grand nombre d’information. Afin de parer à ce problème, le Royaume-Uni a donc choisi de changer ses normes de compression et transmission d’information en optant respectivement pour le H264 (au lieu du MPEG2) et le DVB-T2. La BBC a été le premier opérateur à déployer le DVB-T2 l’an dernier et a été depuis suivi par d’autres comme la Suède et certains pays d’Europe de l’Est qui n’ont pas encore lancé la TNT à l’échelle nationale comme la Russie.
La révolution en France n’a pas été aussi radicale qu’outre-manche. En effet, lors du démarrage de la TNT en DVB-T, la France a choisi de permettre aux chaînes de proposer des décodeurs avec les deux standards de compression : MPEG2 et H264. Ce choix a été bénéfique car il a permis aux chaînes historiques (TF1, France 2, M6, Arte, Canal+) de proposer de la HD grâce à la compression H264 qui réduit le débit nécessaire sans avoir recours au DVB-T2. Par contre, les autres chaînes de la TNT ne sont aujourd’hui transmises qu’en SD car il n’y a pas assez de fréquences disponibles en DVB-T pour les transmettre également en HD, d’où l’intérêt pour passer en DVB-T2 moins gourmand en spectre.
L’éventuelle adoption du DVB-T2 en France dans les prochaines années, ne se fera pas sans difficultés. En effet, lors du passage au numérique, beaucoup de gens ont renouvelé leurs téléviseurs, notamment en achetant des écrans plats HD (récepteurs qui intègrent tous le DVB-T). Or, en cas d’adoption de la norme DVB-T2, tous ces téléviseurs vendus ou actuellement en vente ne pourront pas recevoir le DVB-T2 à moins de racheter un nouveau décodeur au standard DVB-T2. Un problème important puisque cela nécessitera de changer de décodeur ou en ajouter un à sa télévision, et ceci à peine quelques années après le lancement de la TNT. Bien sûr, le passage à ce standard pourrait s’avérer être une nouvelle opportunité pour les vendeurs de décodeurs qui arrivent au bout du marché DVB-T avec la coupure de l’analogique fin 2011.
Mais il est donc peu plausible de rendre obsolète d’un seul coup les récepteurs de télévision à seulement quelques mois de l’extinction de l’analogique. Si l’état souhaite introduire le DVB-T2 il faudrait dans un premier temps au moins, conserver la TNT actuelle en DVB-T mais en ajoutant les nouveaux canaux en DVB-T2. On se donnerait donc un peu de répit avant le passage au DVB-T2 dans un second temps.
Le passage au DVB-T2 : un enjeu économique ?
Le choix des canaux de transmission de la TV deviennent des enjeux politiques et économiques. Tellement précieux, ils font l’objet de nombreuses convoitises entre les chaînes de télévision historiques et celles de la TNT mais également entre l’ensemble des chaînes de télévision et les opérateurs téléphoniques.
Aujourd’hui seules les chaînes historiques peuvent actuellement diffuser leurs programmes en HD. Cet avantage, qui va à l’encontre de la pluralité défendue par le CSA, est au coeur d’une bataille rangée entre ces chaînes historiques et les nouvelles chaînes de la TNT qui n’ont pas cette possibilité.
Actuellement, seul le DVB-T2 pourrait permettre à ces nouvelles chaînes d’émettre, elles aussi, en HD. Cependant les chaînes historiques françaises, bloquent ce processus et « discréditent » cette vision car elles sont conscientes qu’elles perdront là un avantage compétitif non négligeable.
Pour le gouvernement l’enjeu est également important car il espère pouvoir revendre aux opérateurs télécoms de nouveaux canaux de transmission en bande UHF, pour les futures licences 4G et permettre ainsi aux utilisateurs de bénéficier d’un meilleur accès à l’internet mobile. Traditionnellement, il faut rappeler que les fréquences télécoms sont vendues par l’Etat alors que les fréquences de télévision sont licenciées gratuitement en l’échange d’un service rendu aux téléspectateurs matérialisé par une convention avec le CSA. On voit donc bien l’intérêt pour l’Etat de minimiser les fréquences nécessaires pour la télévision.
Le DVB-T2 : ultime chance pour la Télévision Mobile (TMP) ?
Le passage au DVB-T2 pourrait également remettre à l’ordre du jour la possibilité de bénéficier d’un service de TMP pour les utilisateurs d’appareils mobiles. L’an dernier, le CSA avait déjà souhaité proposer un service de TMP, et il était nécessaire de redéployer un autre réseau parallèle à celui utilisé par la TNT. Cela souleva alors d’autres interrogations : quels sont les réels besoins en France en terme de TMP ? Quels sont les utilisateurs ? Qui paiera ce nouveau service ? etc. Des nombreuses questions qui avaient entraîné l’abandon du projet pour cause de prix trop élevé en DVB-T.
Mais le choix d’Eric Besson pour le DVB-T2 peut relancer le débat sur la TMP. Grâce et avec le DVB-T2, il est possible de diffuser, en même temps que les programmes TNT traditionnels, des programmes à faible résolution en modulation robuste pour des récepteurs mobiles ou portable. Pour ce faire, on utilise le même réseau que la TNT, ce qui ne pose donc pas de problème de coût supplémentaire de déploiement d’un nouveau réseau spécifique, pour la TMP. Proposer une offre de TMP grâce au DVB-T2 pourrait faciliter la mise en place d’un nouveau « business model » viable techniquement mais aussi économiquement.
Le passage au DVB-T2 se traduit soit par :
– plus de programmes TV : le DVB-T2 permet aux chaînes TV de disposer de plus de capacité dans les canaux de distribution et donc plus de contenus ;
– plus de chaînes en HD : le DVB-T2, avec cette augmentation de capacité, peut permettre de passer plus de programmes en HD.
– Ou moins de fréquences TV nécessaires pour passer un même nombre de programmes.
Choisir des paramètres de transmission adéquats permet d’offrir des services de TMP ne nécessitant pas de déploiement d’un réseau additionnel. De plus, le choix de paramètres pour la télévision traditionnelle (TNT) favorisant la robustesse de la réception peut ouvrir de nouvelles utilisations, de nouveaux marchés comme par exemple pour l’automobile ou encore en « indoor » (dans les habitations). Cela permet de recevoir correctement la télévision à l’intérieur des habitations sans avoir recours à une antenne sur le toit. L’idée étant de pleinement tirer profit des avantages « mobile » et « portable » de la télévision terrestre par rapport à une réception satellite, câble ou ADSL pour laquelle la connexion à un câble fixe est toujours nécessaire.
Le Japon fait figure d’exemple avec l’ISDB-T (standard japonais de transmission) qui a déjà prévu la TMP et la TNT sur le même signal. Un choix concluant car aujourd’hui la TMP connaît un succès au Japon avec plus de 90 % des téléphones portables équipés d’un tuner TMP.
A propos de DiBcom
DiBcom est une société française de semi-conducteurs “fabless” (sans usine de fabrication). DiBcom conçoit et commercialise des circuits intégrés hautement performants permettant la réception de la télévision et de la radio à faible consommation d’énergie en environnement mobile et portable, à une vitesse pouvant dépasser les 200 km/h. Ses solutions sont utilisées pour la réception de la télévision et de la radio dans les automobiles, les décodeurs, sur les PCs et téléphones mobiles et l’ensemble des produits multimédia portables.
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