Produire en France : notre pari gagnant pour l’innovation et l’exportation Par Stéphane Nitenberg, Directeur général d’Aston
Mai 2012 – ASTON, PME française spécialisée dans la télévision numérique, est depuis 2011 un exemple de “Made in France”. Son Directeur Général, Stéphane Nitenberg, analyse la corrélation entre la production en France, l’innovation et l’exportation. Ce dernier confirme, par l’expérience et les résultats, les avantages d’une implantation industrielle en France notamment la contribution de manière significative au développement de nos exportations.
Il y a un an, ASTON décidait d’implanter une partie de sa production en France tout en maintenant son outil de production en Corée. Ce choix stratégique, nous ne le regrettons pas. Produire en France est possible, à certaines conditions bien sûr.
Les raisons de cette localisation en France d’une partie de notre production sont toujours valables en 2012 : la proximité du marché, pour être plus réactif face aux fluctuations de la demande, la maîtrise des coûts de transport qui devient un sujet de plus en plus sensible, la réduction des coûts douaniers, une politique d’achat rationalisée, des process de production optimisés, notamment en matière d’organisation logistique et de contrôle qualité.
Mais surtout, ASTON a pu installer une partie de sa production en France et rester compétitif parce que ses produits innovants se différencient de la concurrence par leur forte valeur ajoutée. Il est faux de penser que le consommateur acceptera de payer un bien plus cher pour la seule raison qu’il est produit en France. Le consommateur est prêt à payer un peu plus un produit qui apporte plus.
Relocaliser c’est conserver l’Innovation en France
En France, nous avons longtemps pensé que nous pouvions garder notre innovation malgré les délocalisations industrielles. Erreur, les capacités d’innovations suivent les infrastructures industrielles. La principale condition du made in France est là : miser sur la qualité et l’innovation, et sur les compétences industrielles de notre pays, lesquelles demeurent d’un très haut niveau, dès lors qu’on sait les encourager et leur permettre de s’exprimer.
Car l’innovation ne précède pas la production, elle doit être au coeur d’une stratégie industrielle cohérente et ambitieuse: l’invention de nouveaux produits est indissociable de l’invention dans la façon même de les produire. Et c’est aussi dans le retour d’expérience de nos usines que naissent les idées qui apporteront un avantage concurrentiel au made in France. Parce-que nous réussirons à maintenir notre outil industriel, en ciblant nos productions par un véritable marketing industriel, nous parviendrons à maintenir l’innovation à tous les niveaux.
Le rétablissement et le développement de nos exportations suivront : le succès des produits français ne sera assuré sur les marchés étrangers qu’à la condition qu’ils soient innovants et qu’ils se distinguent par leur valeur ajoutée, leur ingéniosité, leur qualité.
Il existe sûrement une multitude d’autres PME françaises, dont le modèle est comparable à celui d’ASTON, et qui pourraient suivre le même chemin. Parions sur ces PME innovantes qui toutes mises bout un bout peuvent représenter des dizaines de milliers d’emplois industriels.
Les résultats sont là
Bien sûr, rien n’est acquis, et la compétitivité demande un effort continu, pour accroître son efficacité, optimiser encore ses achats et ses modes de production. C’est ce que nous avons fait en rationalisant les investissements au bénéfice de chacun : les infrastructures et les machines standards pour notre partenaire industriel, qui peut les amortir sur d’autres clients, les investissements spécifiques à nos produits pour ASTON. Les coûts d’amortissement sont ainsi considérablement optimisés et réduits.
Sont également nées des idées pour améliorer notre façon de travailler au quotidien, par exemple le remplacement des lignes de production en file par une organisation en îlot, avec à la clé 30% de gain de productivité. La standardisation des process est une autre voie possible pour gagner encore en productivité : trois des six produits ASTON fabriqués en France utilisent la même plate-forme technique.
Aujourd’hui, c’est toute la gamme HD d’ASTON qui sort de l’usine française, soit six produits, au rythme de 4000 unités par mois contre 2000 il y a un an. Depuis février 2012, la production mobilise deux équipes par jour, soit 35 emplois contre 20 il y a un an.
Un an après, ASTON persiste et signe : produire en France n’est pas seulement une question de foi, c’est aussi un choix de raison, dès lors qu’on investit dans l’innovation et qu’on mise sur la valeur ajoutée, l’ingéniosité et la qualité. Tout cela n’est possible que si l’on maintient l’industrie en France. Croyons en la capacité de ces entreprises innovantes à contribuer de manière significative au développement de nos exportations.