L’Intelligence relationnelle sous développée
Par Sophie Fourure – Coach & Consultante Acteo Consulting
Quels sont les risques d’une trop grande rationalité ? Que gagne l’entreprise à développer l’intelligence relationnelle ? Comment faire monter en compétence les équipes ? C’est ce que démontre dans cette article la consultante Acteo Consulting – http://www.acteo.fr
L’entreprise souffre d’un grave manque de compétence relationnelle.
L’entreprise souffre. Non pas d’un manque de méthode, d’outils, de savoir-faire : Les connaissances et les moyens rationnels sont présents, connus et diffusés. Il n’y a plus rien à inventer, à professer sur l’art de manager, de vendre, de gérer. Toutes les méthodes ont été développées, exploitées, testées, selon les modes et les périodes. Le management participatif, le zéro défaut, le benchmarking, les diagrammes de Pert ou Gant ont connu leurs heures de gloire et continuent de faire partie d’un bagage culturel et d’une boite à outil d’entreprise. Chacun connaît les principes pour animer une réunion, gérer ses priorités, manager un collaborateur difficile, communiquer en situation de crise. Chacun croit savoir et pourtant fait mal. Combien de réunions inefficaces et coûteuses se déroulent-elles encore ? Combien de mésententes, de conflits ouverts ou de guerres froides enregistre-t-on au sein des équipes ? Combien de résultats insuffisants peut-on constater malgré les bonnes volontés et les efforts déployés ?
L’intelligence relationnelle nous invite à revenir à des principes humains fondamentaux.
En quoi consiste l’intelligence relationnelle ? Elle pourrait de définir comme une capacité d’ajustement sain à toute situation. Faire preuve d’intelligence relationnelle, c’est savoir établir avec son environnement des relations de qualité, satisfaisantes et constructives pour les deux parties. Préserver l’intérêt de chacun dans un monde sous tension et parfois visant des enjeux divergents constitue une gageure. Mais alors comment se respecter tout en respectant l’autre ?
– La première condition pour réussir réside dans une capacité d’awareness.
« To be aware » signifie être attentif, ouvert, à l’écoute de sa propre situation et de celle de son environnement. Une écoute sensitive est alors nécessaire, pas qu’une écoute ou analyse rationnelle de la situation. Il s’agit avant tout de ressentir et reconnaître ses émotions : « comment je me sens dans cette situation donnée, face à ces personnes là ? ». Prendre en compte cette donnée, l’intégrer dans ses choix et décisions représente une étape essentielle pour se préserver et agit en cohérence avec ses représentations et ses actes. Résonner, se laisser toucher par la réaction de l’autre représente une étape nécessaire pour respecter l’autre et agir avec lui et non pas à ses dépends. Cette conscience émotionnelle est peu développée en entreprise, presque proscrite et tabou. Elle constitue pourtant la base d’un « être au monde » cohérent et efficace. Je suis marquée et peinée par tant d’exemples de situations dans lesquelles un manager intervient sans prendre en compte ce qu’il lui arrive, comment il vit la situation, engendrant ainsi des symptômes clairs de malaise, d’incohérence interne. Ainsi, ce manager transpirant à grosses gouttes en intervenant auprès d’un de ses collaborateurs. Cet autre responsable hurlant de façon disproportionnée face à son équipe, cherchant ainsi à se repositionner dans un moment d’échange où il s’est senti écarté. Inconscient de ce qu’il lui arrive, débordé par ses émotions, il ne contrôle plus sa réaction qu’il pourra jugée pourtant en effet excessive et inappropriée. Etre attentif à soi et à l’autre sur un plan émotionnel est une condition sine qua non pour développer un comportement ajusté, c’est-à-dire au service de l’entreprise et respectueux des individus qui la serve.
– Développer une capacité d’ajustement à chaque instant nécessite une forme de souplesse extraordinaire.
Impossible de se référer à une « bible des bons comportements dans les 1000 situations les plus courantes en entreprise ». Il s’agit d’inventer une façon de faire à chaque instant. Pour le pouvoir, encore faudra-t-il disposer d’une large palette de comportements possibles, être souple dans le choix du comportement le plus approprié, être parfaitement aware ou au clair sur ce qui est vécu dans cette situation et savoir en tenir compte, avoir un regard tournée vers soi mais aussi vers l’environnement, trouver un équilibre entre l’attention porté à soi et à l’autre,. Bref, tout un art et tout un entraînement en perspective !
L’émotion est trop souvent ignorée
La difficulté réside dans l’application de ce qui rationnellement s’impose comme une évidence. La raison s’efface derrière l’irrationnel, l’émotionnel que procurent les actes nécessaires à une bonne gestion. Je suis étonnée de constater combien l’intelligence relationnelle fait défaut en entreprise à tous les niveaux. La mise en oeuvre des bons principes de gestion, de management ou de vente implique des individus qui rentrent en relation, plus ou moins adroitement. Cette autre dimension n’est pas aisée car peu apprise. Si la raison et l’intelligence rationnelle sont développées, poussées tout au long de la scolarité et des études, aucun cours expliquant « l’art de contact » avec les autres n’est venu étayer cette compétence pourtant indispensable à tout groupe social. Les individus ont tant de mal à naturellement s’accorder, vivre ensemble, avancer dans une direction commune. La synergie n’est pas acquise, elle se conquière. Comment pourrions-nous facilement travailler ensemble et bien nous entendre dans un environnement sous pression et tendu, sachant les difficultés que chacun rencontre dans son unité sociale la plus restreinte qu’est celle de la famille, ou plus élargie, celle des relations sociales et amicales. Comment peut-on exclure de notre représentation des relations professionnelles, les difficultés relationnelles, les potentialités de conflits, de mésentente et de rupture, nous qui avons déjà tant de mal à les gérer dans la vie de tous les jours ? Qui n’a pas l’expérience d’être personnellement interpellé et parfois submergé par ses propres émotions dans cet univers supposé être dégagé de toutes considérations personnelles ?
Développer l’intelligence relationnelle constitue le nouvel enjeu des entreprises.
Le système de l’entreprise souffre aujourd’hui de la difficulté la plus humaine qu’il soit, celle d’être en relation avec les autres. Le plus grand service à apporter aux forces humaines qui constituent l’entreprise est de leur apprendre à travailler ensemble, conjointement, voire harmonieusement.
Le chemin est long. Les capacités relationnelles et émotionnelles sont faibles, parfois inversement proportionnelles à l’intelligence rationnelle classiquement mise en valeur. Les oeillières pour occulter la dimension psychoaffective au sein du travail sont fortement implantées. C’est en autre, ce qui explique la montée de la souffrance au travail, pointée dramatiquement par la récente succession de suicides. Ne pas prendre en compte cette dimension humaine est source de souffrance. Ne pas tenir compte du vécu des individus et des équipes, du degré de résistance de l’homme au travail, de son degré de stress engendre de la frustration, du mécontentement, de l’opposition, et mène au burn-out.
Les entreprises ne gagneront pas plus en efficacité, en rentabilité et en dividendes sans prendre en compte cette dimension humaine. Le gisement de valeur se situe dans le développement de l’intelligence relationnelle. Nous avons tous à y gagner : l’entreprise pour de plus grands résultats et les hommes et les équipes pour leur mieux-être voire leur épanouissement.
« L’idée d’un homme entièrement rationnel est entièrement irrationnelle ». Edgard Morin
Sophie Fourure, Consultante & Coach Acteo Consulting.
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